Emmanuelle, sage-femme

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« Le CHU de Besançon est le meilleur endroit pour exercer le métier de sage-femme ». Après avoir décroché son diplôme d’Etat de sage-femme en 2001 à Dijon, Emmanuelle a obtenu son premier poste au CHU de Besançon qui lui permet aujourd’hui de partager des moments de vie exceptionnels. Emmanuelle exerce en tant que sage-femme en salle d’accouchement.

Quelle est la formation à suivre pour devenir sage-femme ?

Aujourd’hui, la formation est bien différente qu’à mon époque. J’ai passé un concours post bac avec 4 années d’études. Actuellement, les sages-femmes ont un concours commun avec les étudiants de médecine en fin de première année avec 4 années d’études après l’obtention du concours, mais en 2024, la formation va passer à 6 années au total. Beaucoup de personnes l’ignorent mais le métier de sage-femme est une profession médicale. Les sages-femmes ont un droit de prescription et d’arrêt-maladie, elles sont autonomes, c’est-à-dire qu’elles engagent leur propre responsabilité et non celle du médecin dans la plupart des actes qu’elles font. Au CHU, nous faisons environ 70 % des accouchements de façon autonome et nous sommes présentes à 100% des accouchements même par césarienne en assistant le médecin qui est en responsabilité.

Quelles sont les missions quotidiennes d’une sage-femme ?

Nos missions quotidiennes sont diverses, ça peut être de la préparation à la naissance pour les couples, du suivi gynécologique, du suivi de grossesse de la déclaration jusqu’à l’accouchement. Le suivi de grossesse peut se traduire par la réalisation d’échographies si la sage-femme a un diplôme d’échographiste. On peut également réaliser le suivi de la mère et du nouveau-né dans le service de suite de couches ou, pour les libérales, dans les premières semaines du post-partum avec la rééducation du périnée par exemple. Et puis on a tout un ensemble de formations annexes qui peuvent nous permettre, par exemple, de faire de l’acupuncture. L’acupuncture s’applique à toutes les femmes en général, pour soigner les problèmes de cycles ou les problèmes liés à la grossesse. Cette pratique est très utile aussi en salle d’accouchement, ou encore pour des femmes ménopausées ou en traitement contre le cancer. En fin de compte, les missions d’une sage-femme sont extrêmement variées, tout dépend du service dans lequel on est.

Comment se déroule un accouchement dans votre service ?

Le CHU de Besançon est une maternité de niveau 3 en obstétrique. Toutes les pathologies de la région Franche-Comté sont adressées ici car les hôpitaux et cliniques nous transfèrent leurs patientes quand celles-ci sortent de leurs limites de compétences. Lors d’un accouchement, la sage-femme va accueillir la parturiente, prendre ses constantes, l’examiner et puis l’emmener en salle de naissance. La sage-femme assiste également à la pose de péridurale, pratique le suivi du travail puis de l’accouchement et, lorsque le cas se présente à la réanimation du nouveau-né, ainsi que la surveillance du post-partum. Si tout se passe bien, à aucun moment elle n’entrera en contact avec le médecin, ce qui représente 70 % des cas. La sage-femme est aussi assistée d’une auxiliaire de puériculture pour l’accouchement et les soins du bébé.

Comment travaillez-vous en collaboration avec les autres professionnels de santé au quotidien ?

En salle d’accouchement, le principal collaborateur est l’anesthésiste pour la pose de péridurale. On collabore aussi avec l’obstétricien, dès que la situation le nécessite, et c’est nous qui l’alertons. C’est à la sage-femme de voir quand les voyants ne sont plus au vert, et s’ils sont à l’orange, on contacte les médecins avant que la situation ne soit plus compliquée. Nous travaillons également en collaboration avec une auxiliaire de puériculture qui va être systématiquement présente à l’accouchement en même temps que nous. L’auxiliaire de puériculture va faire les soins du bébé ainsi que les premières mises au sein dans les premières heures de vie. Et on a de plus, les étudiant·es sages-femmes et les étudiant·es en médecine qui nous assistent.

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’exercer ce métier ?

J’ai d’abord été intéressée par la médecine en général et plus par certaines spécialités comme l’obstétrique et la pédiatrie. Alors quand j’ai su ce que représentait le métier de sage-femme, un métier regroupant tous les domaines qui m’attiraient, je n’ai pas hésité. Finalement, je ne regrette absolument pas. Quand je compare les autres métiers du médical et le mien, je me rends compte que j’ai un contact humain qui est bien plus riche que les autres spécialités, qui au contraire, vont être appelées pour répondre à un instant T sur une pathologie spécifique. En tant que sage-femme en revanche, on va rester pendant des heures avec la patiente, on va vraiment échanger et apprendre à se connaître. On va également avoir une réelle importance sur le coaching, sur la confiance que la patiente va mettre en nous pour pouvoir accoucher dans les meilleures conditions. Ce qui m’a donné envie de faire ce métier, c’est cette richesse sur le plan relationnel.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?

La salle d’accouchement. J’adore la salle d’accouchement et j’espère pouvoir en faire jusqu’à la fin de ma carrière. D’une part, c’est le centre névralgique, ce qu’il y a de plus stressant et ce qui nécessite de passer des heures debout sans savoir si on va pouvoir manger ou boire pendant 12 h. Mais à la fois, c’est ce qu’il y’ a de plus riche sur le plan humain. C’est un challenge de tous les jours, on ne sait pas ce qui nous attend. La salle d’accouchement, c’est beaucoup d’adrénaline !

Une autre chose qui me tient vraiment à cœur, c’est le prélèvement de sang de cordon. C’est une spécialité du CHU de Besançon : une fois que le papa a coupé le cordon, il en reste une partie qui attend que le placenta se décolle et qui va finir à la « poubelle ». Ce sang, on va ensuite le récupérer, car il s’agit de cellules-souches qui sont aussi riches que de la moelle osseuse pour greffer des enfants ou des jeunes adultes leucémiques. Aujourd’hui, ce sang a également de nouvelles évolutions pour la thérapie génique qui permet de soigner beaucoup de maladies chroniques ou cancéreuses. Pour nous, c’est un simple « déchet organique » mais qui finalement va certainement avoir un avenir pour soigner certaines maladies.

Et puis il y a aussi les césariennes programmées qui me plaisent particulièrement dans mon métier. C’est une opération moins intimiste qu’un accouchement avec beaucoup de médecins, où il fait froid, et avec beaucoup de lumières dues aux scialytiques. Notre objectif à nous sages-femmes, c’est d’essayer de faire ce qu’on appelle de l’humanisation, c’est-à-dire que la césarienne programmée ressemble de plus en plus à un vrai accouchement. Le conjoint est là, il peut couper le cordon, la patiente pousse pour faire sortir le bébé et va pouvoir faire du « peau à peau » avec lui. On va ainsi compenser ce moment moins intimiste en essayant de leur rendre ce moment, et c’est en cela qu’on est importantes.

Pouvez-vous me dire un évènement marquant dans votre carrière de sage-femme ?

Il y a beaucoup d’événements marquants. La naissance fait partie des moments les plus importants et riches en émotion. Dans l’idéal lors d’une naissance, si la sage-femme fait bien son travail, on doit être transparente pour que les patients ne nous gardent pas en mémoire dans leurs souvenirs car c’est un moment de couple que l’on essaye de préserver. Si tout se passe bien à la fin, ils ne sont que tous les trois et c’est ça le plus marquant. Si l’on reste gravées dans la mémoire des parturientes, c’est que quelque chose ne s’est pas bien passé. Par exemple, l’accompagnement des patientes qui perdent leur bébé in utero, pour qui l’accouchement va être beaucoup plus difficile émotionnellement. Ce sont ces patientes, qui nous font nous sentir vraiment indispensables. Dans ces moments-là, elles peuvent s’appuyer sur nous car c’est un moment difficile à vivre aussi bien seules qu’avec leur mari.

Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez dans votre travail ?

On peut souvent rencontrer des difficultés dans notre travail, car c’est un challenge de tous les jours et ça ne se termine pas toujours bien. Ce qui est bien, c’est qu’à force d’expérience, à force d’outils, que ce soit l’acupuncture ou même la mobilisation des patientes, on est confrontées à toutes les situations et on a moins peur. Grâce à l’expérience, on a la possibilité de réagir vite, d’aider ses collègues plus jeunes en transmettant notre savoir de sage-femme. Le gros risque auquel nous sommes souvent confrontées en salle d’accouchement, c’est l’hémorragie. Lorsque le placenta se décolle, il peut y avoir des gros vaisseaux qui continuent à délivrer du sang, et si l’on n’intervient pas rapidement, cela peut vite déraper. Plus on est aguerri, plus on a de l’expérience et plus on est à l’aise en salle d’accouchement.

Pourquoi avez-vous choisi d’exercer votre métier au CHU de Besançon ?

Une des premières raisons, c’est pour le prélèvement de sang de cordon. Le prélèvement de sang placentaire ne se faisait pas dans toutes les maternités et à l’époque, il se faisait uniquement à Bordeaux, à Paris et à Besançon. La deuxième raison de vouloir travailler dans un CHU de niveau 3 est qu’on se sent en sécurité car il y a tous les intervenants qualifiés sur place et qui sont confrontés à des situations d’extrême urgence, ce qui nous permet de travailler en toute sécurité. Et la troisième c’est l’Université. J’adore mon métier, et pouvoir le transmettre à des étudiants en maïeutique pour les rassurer et qu’ils aient envie de rester en salle toute leur vie, c’est pour moi une motivation.

Quelles sont selon vous les principales qualités pour exercer ce métier ?

Il faut déjà aimer les femmes, les comprendre pour être la personne dont elles auront besoin. Il faut être patient et observateur pour justement intervenir quand il faut, même si on essaie d’intervenir le moins possible pour essayer de laisser la nature faire les choses. Et puis être réactif en cas d’urgence, car quand une situation dérape, ça va très vite, que ce soit pour l’enfant ou pour la mère. Je pense aussi qu’il faut aimer le stress et le stress n’est pas toujours négatif ! En salle d’accouchement, c’est une montée d’adrénaline qui nous permet de donner la vie et c’est très motivant.

Si vous deviez donner un conseil aux étudiants qui hésitent à devenir sage-femme au CHU de Besançon, quel serait-il ?

Le CHU de Besançon est le meilleur endroit pour apprendre en toute sécurité à devenir sage-femme, car les années d’études ne suffisent pas. C’est un métier qui s’apprend sur le terrain et le fait qu’on soit nombreux, qu’on ait tout ce qu’il faut pour intervenir en cas de besoin, que ce soit la réanimation adulte et enfant ou encore l’établissement français du sang à proximité, ça va permettre à l’étudiant de faire ses premiers pas dans le monde professionnel et de devenir accompli, sûr de lui et bien dans ta peau. Et puis au CHU de Besançon, on y fait de très belles choses, on a notamment le taux de césarienne et d’épisiotomie le plus bas d’Europe pour une maternité de niveau 3. La natalité baisse aussi partout en France, mais chez nous, on augmente notre nombre d’accouchements tous les ans depuis l’année 2000. Je pense qu’on a une vraie force d’attraction, que ce soit dans l’humanisation des accouchements et des césariennes ou dans les projets de naissance. Aujourd’hui, les patientes ont très souvent des projets de naissance ou d’autres envies particulières qu’elles nous formulent soit dans des lettres ou à l’oral, ce qui nous conduit à nous ajuster et à modifier nos façons de travailler pour nous adapter à leurs souhaits. On arrive à la fois à être dans une grosse usine et à la fois à se mettre à la hauteur des patientes et du couple comme s’ils étaient à la maison. On va concilier le travail au sein d’une grosse équipe et les demandes des patientes, et c’est ce qui fait du CHU de Besançon le meilleur endroit aussi bien pour accoucher que pour apprendre à être sage-femme !

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